interview de Daniel Zagury, psychiatre : « l’objectif de certitude est étranger à la psychiatrie »

Question du journal Le Monde : Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a déclaré que cette affaire [l’affaire du viol et du meurtre d’Agnès pas un adolescent récidiviste] démontre « une fois de plus que la psychiatrie n’est pas une science exacte ». Qu’en pensez-vous ?

Réponse du psychiatre Daniel Zagury,
psychiatre à l’hôpital de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis) et expert auprès de la cour d’appel de Paris :

M. Guéant confond diagnostic et pronostic, psychiatrie et criminologie, et il nie la part de responsabilité de celui qui a agit, le libre arbitre d’être humain qui fait qu’on passe à l’acte.
On peut faire une erreur de diagnostic, mais il n’existe pas à proprement parler d’erreur de pronostic car, par définition, même s’il est très favorable, il reste toujours une zone d’incertitude. Et c’est encore plus vrai pour les adolescents chez lesquels la personnalité est rarement fixée. Chez eux, il n’y a pas obligatoirement de parallélisme entre la gravité des actes commis et un trouble nettement repérable.
Tout juge et tout expert rencontrera dans sa carrière un cas de récidive. On ne peut véhiculer l’illusion qu’on pourrait totalement conjurer cette évidence par des mesures appropriées.

On cherche à instrumentaliser la psychiatrie afin qu’elle obéisse à un objectif de certitude qui lui est parfaitement étranger et à lui faire assumer une fonction qu’elle ne peut que très modestement partager avec les sciences judiciaires, criminologiques et sociales. On peut repérer des sujets qui présentent plus ou moins de probabilité de réitération pour mieux les encadrer, les contrôler et les traiter, mais le risque demeurera.
Prétendre l’éliminer totalement serait aussi irrationnel que d’affirmer qu’il n’y aura plus jamais d’accidents de voiture.
Mais pas de contresens : on peut bien sûr mieux faire ! Ce que l’on ne peut pas, c’est affirmer que demain ou après-demain, on saura prédire l’avenir de chaque délinquant potentiel.

Un co-créateur et concepteur des Apple II et Macintosh, Burrell Smith, est bipolaire et schizophrène

Présentation dans la préface de la biographie de Steve Jobs.
Burrell Smith (né en 1955) :
« programmeur génial et torturé de la première équipe Mac.
Il a quitté Apple Inc. en 1985.
Il est devenu schizophrène dans les années 1990. »

Extrait de la biographie sur Burrell Smith :

Le seul problème de sécurité [qu’a eu Steve Jobs], ironie sinistre du sort, vint de Burrell Smith, le développeur du système d’exploitation du Macintosh, l’ancien acolyte d’Andy Hertzfeld.
Après avoir quitté Apple, Smith fut atteint d’un syndrome maniaco-dépressif bipolaire doublé de schizophrénie. Il habitait une petite maison au bout de la rue d’Andy Hertzfeld. À mesure que sa maladie s’aggravait, Burrell Smith se mit à errer nu en ville ; parfois il cassait des pare-brise ou des vitraux d’églises. Il était sous neuroleptiques, mais le dosage se révélait difficile à établir. Lorsque ses démons revenaient le hanter, il allait le soir jusqu’à la maison de Jobs et lançait des pierres sur les fenêtres, laissait des lettres incohérentes. Un jour, il jeta même un gros pétard dans la salle à manger. Il fut arrêté, et on lui demanda de renforcer son traitement. « Burrell était si drôle, si naïf, et du jour au lendemain, il a pété un plomb, m’expliqua Jobs. C’était vraiment bizarre, et tellement triste. »

Smith se replia dans son monde intérieur, sous l’effet des médicaments. En 2011, il errait toujours dans les rues de Palo Alto, incapable de parler à qui que ce soit, pas même à Hertzfeld, son vieil ami.
Jobs avait de la compassion pour Smith ; souvent, il demandait à Hertzfeld s’il pouvait faire quelque chose.
Un jour, Smith se retrouva en prison et refusa de donner son nom. Lorsque Hertzfeld le trouva, trois jours plus tard, il appela Jobs et lui demanda de l’aider à le faire libérer sous caution. Jobs vint à la rescousse, mais il lui posa une question étrange : « S’il m’arrive la même chose, Andy, tu voudras bien t’occuper de moi comme tu t’occupes de Burrell ? »

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article Wikipedia sur Burrell Smith.

émission de la radio RFI sur la santé mentale dans les pays du Sud (Tiers-monde)

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« Les trois quarts des patients souffrant de troubles de la santé mentale vivent dans les pays en développement et ne bénéficient souvent d’aucun traitement ni de soins». Ce constat a conduit le magazine Alternatives Internationales à s’intéresser dans son numéro du mois de mars à la question de la prise en charge de la santé mentale dans les Pays du Sud.
Priorité Santé a décidé de se joindre à cette réflexion. Alors que l’effort des Etats du Sud en termes de budget est quasi-inexistant en faveur des malades mentaux, les associations et les ONG elles, s’activent auprès de la population et des bailleurs de fonds. Nous faisons le tour du monde de ces structures au Cambodge, au Liban ou encore au Sénégal pour savoir quel en est le bilan, et surtout s’il est possible d’espérer un « mieux-aller », une prise de conscience des Etats en faveur de leurs malades.

Invités de l’animatrice Claire Hédon :

Yann Mens, Rédacteur en chef de Alternatives Internationales
Dr Philippe Gasnier, psychiatre auCentre hospitalier spécialisé EPSMD de l’Aisne.
Pr Momar Gueye, Chef du service de psychiatrie au CHU de Fann à Dakar.
Pr Ka Sunbaunat, psychiatre, directeur du programme national de santé mentale du Cambodge et doyen de la faculté de médecine. Fondateur de la psychiatrie au Cambodge après les massacres perpétrés par les khmers.
Arwa El -Amine Halawi, présidente du Lebanese Autism Society-LAS à Beyrouth au Liban.

Reportage de Claire Hédon à l’Hôpital psychiatrique de Ndera au Rwanda

page de la 1ère partie de l’émission sur la santé mentale dans les pays du Sud (« tiers-monde »)
page de la 2nde partie de l’émission sur la santé mentale dans les pays du Sud (« tiers-monde »)

émission de la radio RFI sur la psychoéducation pour les malades de troubles bipolaires ou les schizophrènes

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La psychoéducation du trouble bipolaire fait partie des recommandations internationales de prise en charge, mais reste encore marginale à l’heure actuelle en France, bien que cette thérapie innovante soit efficace et relativement peu coûteuse. Plusieurs études scientifiques ont démontré son efficacité : diminution du taux de rechutes dépressives et maniaques, diminution de la durée des hospitalisations et meilleure adhérence au traitement médicamenteux… Comment ça marche ? Les médecins ont-ils accès à la formation ? Et les patients au traitement ?

Invités de Claire Hédon à l’émission de radio :

Pr Chantal Henry, psychiatre à l’hôpital A. Chenevier à Créteil, responsable du Réseau des Centres Experts FondaMental
Dr Bruno Etain, psychiatre, Hôpital A. Chenevier, Créteil, responsable du réseau des Centres Experts troubles bipolaires
Dr Rutakayile Bizoza, psychiatre, psychothérapeute, professeur au Kigali Health Institut au Rwanda

Collectif d’associations qui fournit des informations et de l’aide aux patients souffrant de troubles bipolaires (maniaco-dépressifs): www.argos2001.fr

émission de la radio RFI sur la recherche médicale sur les troubles bipolaires

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Méconnues, les maladies psychiatriques représentent l’une des toutes premières causes d’invalidités. Leur coût pour la société est considérable. Pourtant, le financement de la recherche en psychiatrie demeure dérisoire en comparaison des besoins. Or, les outils existent pour faire de la France un grand pays de la recherche en psychiatrie. Le conseil scientifique de la Fondation FondaMental, composé de grands spécialistes internationaux, plaide pour que la France saisisse sa chance de faire de la recherche en psychiatrie une priorité

Invités de Claire Hédon à l’émission de radio :

Pr Marion Leboyer, responsable du pôle psychiatrie de l’hôpital Henri Mondor à Créteil, directrice de l’équipe INSERM Psychiatrie Génétique et directrice de la fondation FondaMental
Pr Chantal Henry, psychiatre au CHU Chenevier-Mondor, responsable des centres experts de la fondation FondaMental
Dr Josselin Houénou, psychiatre à l’hôpital Henri Mondor à Créteil, membre de la fondation FondaMental, spécialiste de l’application de l’imagerie cérébrale aux maladies psychiatriques
Stéphane Jamain, chercheur en génétique à l’Inserm