Trop souvent, la déficience psychique, parce qu’elle reste méconnue [ou à cause des médias qui ne la montre que sous un mauvais jour], inquiète. Pourtant, de nombreuses personnes handicapées psychiques travaillent en entreprise : un accompagnement et des aides existent pour lever craintes et préjugés, aménager l’environnement de travail et faire de leur intégration une opportunité pour tous.
Reconnu comme un handicap par la loi du 11 février 2005, au même titre que les handicaps sensoriel et moteur, le handicap psychique caractérise les personnes atteintes d’une maladie psychique dont les conséquences affectent durablement leur personnalité, leur comportement et leur adaptation sociale. Cette maladie psychique survient le plus souvent à l’adolescence ou à l’âge adulte. Elle ne doit pas être confondue avec le handicap mental, comme la trisomie, qui affecte les capacités intellectuelles, ni avec des troubles psychiques passagers, ou risques psychosociaux, liés entre autres au travail et aux situations de stress. Même s’il peut arriver qu’une situation de stress révèle un problème psychique passé jusque-là inaperçu.
Le traitement médicamenteux associé à une prise en charge psychosociale stabilise la personne handicapée psychique et lui permet de vivre d’une façon autonome et de s’insérer dans le monde du travail. Contrairement aux idées reçues, le handicap psychique présente rarement des symptômes (comportements délirants ou spectaculaires, par exemple) pouvant entraver de façon significative la vie professionnelle. Il est même le plus souvent invisible. De même, la prise de médicaments n’est pas synonyme de moindre performance au travail. Enfin, les personnes handicapées psychiques sont rarement violentes. Il n’en demeure pas moins que ce handicap exige de la personne concernée qu’elle fasse des efforts permanents pour s’adapter et entrer en relation avec les autres. Avec un risque plus grand de se retrouver isolée, voire en rupture sur le plan du lien social.
Information et accompagnement
Ces spécificités du handicap psychique nécessitent une prise en compte particulière de la part des entreprises : le succès de l’embauche, de l’intégration et du maintien dans l’emploi d’une personne handicapée psychique obéit à certaines conditions.
Parce que le handicap psychique est souvent invisible et/ou chargé de stéréotypes négatifs, il est essentiel d’informer et de sensibiliser les collaborateurs qui seront amenés à travailler avec la personne recrutée. L’information ne doit pas tant porter sur la maladie elle-même que sur les symptômes et comportements, parfois déroutants, qu’elle peut entraîner, et doit avoir pour corollaire des conseils pour adopter les attitudes adéquates.
Même stabilisée, une personne handicapée psychique peut traverser des périodes plus difficiles où réapparaît sa fragilité. Plus sensible que d’autres à des situations de tension et de stress, elle demande une prise en charge qui s’inscrit dans la durée et mobilise, de ce fait, tout un réseau d’intervenants. En interne, d’abord, avec le médecin du travail, qui joue un rôle important, en lien avec la direction des ressources humaines, mais aussi l’assistante sociale, le responsable hiérarchique direct et, éventuellement, un collègue « référent » qui exerce une certaine vigilance au quotidien. L’objectif, en effet, est de rester en alerte sur une possible situation de crise et d’intervenir rapidement pour la désamorcer. Le handicap psychique affectant l’ensemble de la personnalité avec des impacts personnels et professionnels, l’objectif est aussi de veiller à ce que la personne ne soit pas isolée, dans l’entreprise comme à l’extérieur. C’est là qu’interviennent les acteurs externes (médecin traitant, psychiatre, service d’accompagnement médico-social, proches…) : il est important que le médecin du travail ou l’assistante sociale les connaissent pour, le cas échéant, établir un contact avec eux.
Quels aménagements ?
Plus fatigable et émotif, parfois instable dans l’établissement de ses relations à autrui, un collaborateur handicapé psychique peut avoir besoin d’un environnement de travail adapté à sa situation et à ses rythmes propres. Cette adaptation passe généralement par une modification personnalisée de l’organisation du temps de travail : mi-temps thérapeutique, horaires aménagés, pauses régulières, tâches planifiées par missions ponctuelles… Ainsi, une première embauche sous forme de contrat à durée déterminée contribue à rassurer la personne handicapée psychique, qui a ainsi le temps de faire ses preuves et de trouver ses repères.
Au quotidien, une vigilance bienveillante, des passages de consignes clairs et sans impatience et une écoute compréhensive sont autant d’attitudes préventives qui permettent à la personne handicapée psychique de se sentir en confiance et détendue, et de faire son travail dans les meilleures conditions. Quel qu’il soit, l’aménagement doit prendre en compte le fait que le handicap psychique s’inscrit durablement dans le temps : il doit donc être envisagé dans le long terme.
Une opportunité pour l’entreprise
Le salarié handicapé psychique représente une réelle opportunité pour l’équipe et les collègues qui l’accueillent. D’abord, parce qu’il fait généralement preuve d’une forte implication professionnelle et d’une assiduité pouvant se traduire par des dépassements d’horaires importants. Il convient d’ailleurs d’y être vigilant pour que cela n’entraîne pas un surcroît de fatigue et de stress. Plus émotif et plus fragile, il est aussi très sensible à l’ambiance d’une équipe, au climat dans lequel se déroule le travail : il joue alors le rôle d’un véritable « baromètre » et prévient une dégradation éventuelle de l’environnement.
L’entreprise elle-même, dans les dispositifs et les procédures mis en place pour faciliter l’intégration d’une personne handicapée psychique, est amenée à réfléchir sur le lien existant entre le travail et la santé mentale. En pensant son organisation de travail pour une personne handicapée, ce sont tous les collaborateurs qui bénéficient de cette approche raisonnée des conditions de travail et voient leurs propres besoins mieux appréhendés.
Dans un contexte social où la problématique du « bien-être au travail » est au coeur des préoccupations, l’intégration réussie d’un collaborateur handicapé psychique aide à poser des règles et des repères utiles pour tous.
Source :
Cahier N°6 : Recruter et accompagner un collaborateur handicapé psychique.
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