émission de radio sur « une nouvelle histoire de la folie » à télécharger (clic droit -> « enregistrer sous ») ou à écouter en streaming ici [format mp3, 38 Mo]
Page de l’émission sur le site de France Culture.
Invités
Marcel Gauchet, Philosophe et historien, Directeur d’études à l’EHESS et rédacteur en chef de la revue Le Débat
Claude Quétel, Historien, Directeur de recherche honoraire au CNRS
Jean-François Bert, Sociologue, enseignant à l’EHESS et membre du Centre Michel Foucault
La revue Books, le partenaire de France Culture, publie dans son numéro de septembre un dossier consacré à la réception du fameux livre de Michel Foucault, Folie et déraison, Histoire de la folie à l’âge classique, dont le public anglo-saxon dispose enfin de la traduction intégrale. La polémique est lancée par un sociologue américain, Andrew Scull, historien de la médecine et de la psychiatrie qui, dans un article paru dans le TLS, administre une volée de bois vert à notre philosophe national. Pour résumer Scull, Foucault n’apportait pas grand-chose de nouveau sur le plan intellectuel des années 60, dominées par l’anti-psychiatrie. Avant lui, Thomas Sasz, en même temps que lui, Ronald Laing et David Cooper dénonçaient abondamment l’institution asilaire comme répression politique se donnant les apparences de la thérapeutique. Et, comme Foucault, ils mettaient en cause l’opposition entre le normal et le pathologique, qui était un lieu commun de l’époque. Plus grave, d’après Andrew Scull, les sources sur lesquelles Michel Foucault a fondé sa démonstration étaient datées et lacunaires et le philosophe les aurait tirées dans le sens qui l’arrangeait – parfois au mépris des faits. En conséquence, la thèse centrale de Foucault – le « grand renfermement » des asociaux et des insensés à l’Age classique, serait un mythe sans réalité historique.
Il se trouve que Marcel Gauchet avait publié, en 1980, en collaboration avec l’historienne et psychiatre Gladys Swain, un essai qui allait dans le même sens, La pratique de l’esprit humain. Plus récemment, puisque le livre vient de sortir, l’historien Claude Quétel revient à son tour sur l’histoire de la folie et des traitements par lesquels la médecine a cru pouvoir la guérir, de l’Antiquité à la sectorisation. En passant, bien entendu, par Foucault, dont il conteste l’intuition centrale.
Mais ces attaques ruinent-elles le cœur d’une pensée qui continue à questionner notre modernité, un quart de siècle après la disparition de son auteur ?