Histoire de l’hôpital psychiatrique à la campagne d’Ainay-le-Château, le ‘village des fous’

L’émission de radio de France Culture du mardi 07 décembre 2010 La nouvelle Fabrique de l’Histoire était consacrée au village des fous, Ainay-le-Château dans l’Allier.

Les schizophrènes stabilisés par les médicaments et débiles mentaux étaient placés dans des familles d’accueil, les « placements ».

L’émission d’histoire fait témoigner des infirmiers et infirmières à propos des comportements dans le villages à l’égard des malades (par exemple le fait qu’il existait 3 bars dans le village dont un pour les malades qui ne servait qu’une boisson alcoolisée par malade) et aussi des familles d’accueil.

Un reportage de l’émission de TF1 «7 à 8» avait déjà été consacré à ce « village des fous » et ce blog avait à l’époque publié un article critiquant le reportage.

Lien vers l’article de l’encyclopédie en ligne Wikipedia sur Ainay-le-Château.

Série documentaire sur un hôpital psychiatrique au Canada

Bande-annonce

épisode 1

épisode 2

épisode 3

épisode 4 sur l’explication de la schizophrénie et le traitement de la schizophrénie et les électrochocs pour les dépressifs

épisode 5

épisode 6 sur les équivalents des CMP au Canada

scènes coupées 1

scène coupée : Grippou

débat à la télévision sur la dangerosité des schizophrènes

Le « talk-show » (programme télévisé de débat avec des experts) C dans l’air du mercredi 7 avril 2010 était consacrée à la schizophrénie. L’émission prenait pour prétexte l’affaire du pousseur du RER à Paris qui a tué un voyageur en le jetant sur les voies sous un train pour se consacrer à la dangerosité des schizophrènes et à la réponse des pouvoirs publics (réponses sanitaire, policière et judiciaire).

Quelques commentaires sur l’émission :

– L’émission était intéressante mais encore une fois on ne parle de la schizophrénie que sous l’angle de la dangerosité des malades.
Certes il ne faut pas nier le phénomène des pousseurs (1 en 2009 et 4 depuis le début de l’année 2010 mais dont seulement 1 sur les 4 est formellement considéré comme schizophrène, le dernier) ni les crimes commis par des schizophrènes mais ceux-ci sont rares.
On sait que la télévision ne parle pas des trains qui arrive à l’heure mais elle pourrait s’intéresser aux schizophrènes qui sont insérés dans la société et qui travaillent. Il n’y a pas eu de C dans l’air sur les schizophrènes non-dangereux, seulement une sur les exclus qui parlait du tiers de SDF qui ont des problèmes psychiatriques et qui sont mal ou pas soignés.

– Cela n’a été dit qu’à une seule reprise dans l’émission (par le psychologue et criminologue Jean-Pierre Bouchard) et aurait dû être répété : il y a 600 000 schizophrènes en France (1% de la population) et seulement quelques affaires de schizophrènes criminels (les schizophrènes commettent des crimes en même proportion que les personnes non-malades et beaucoup de meurtres (passionnels, crapuleux, règlements de compte, vengeance,…) sont commis par des personnes saines).

– Cela n’a été rappelé que 2 fois brièvement (1 fois lors du débat et 1 fois par un téléspectateur qui a fait cette remarque par SMS) mais la majorité des schizophrènes ne sont pas dangereux. Et certains qui peuvent être dangereux ne le sont plus quand ils sont soignés.

– Les schizophrènes sont le plus souvent victimes que coupables de violences et de crimes à cause des nombreux schizophrènes qui vivent dans la rue, par choix ou faute de place ambulatoire dans les hôpitaux psychiatriques (depuis 30 ans, aussi à cause des progrès des médicaments, de nombreux lits ont fermé) ou des appartements thérapeutiques.

– Les 2 psychiatres (Pierre Lamothe et Jean-Pierre Olié) et l’ancien magistrat (Bruno Thouzellier) renvoient la patate chaude de la prise en charge des malades potentiellement dangereux (quand un malade ne prend plus son traitement et rechute en faisant une crise avec Bouffée Délirante Aiguë (BDA)) :
. Les médecins de famille ne veulent pas faire de certificat médical pour une Hospitalisation à la Demande d’un Tiers (HDT) ou une Hospitalisation d’Office (HO) pour ne pas se fâcher avec un patient/client qui pourrait leur en vouloir après (je ne crois pas à cette excuse, la plupart des patients stabilisés sont redevables après coup à leur médecin de les avoir soignés sans leur consentement parce qu’ils en avaient besoin et les remercient pour cela).
. Les pompiers qui, malgré leur formation médicale, ne veulent souvent pas intervenir.
. Les policiers et les gendarmes qui ne veulent pas intervenir sans passage à l’acte ou flagrant délit.
. Les psychiatres des CMP (Centres médico-psychologiques) qui souvent ne veulent pas signer de certificat mécal pour une HO car l’esprit de la loi est que c’est à un psychiatre autre que le psychiatre qui suit le malade de signer ce certificat.
. Les maires de communes qui parfois ne veulent pas signer l’arrêté municipal d’HO, ne connaissant pas leur administré concerné ou n’étant pas disponibles la nuit pour venir aux urgences psychiatriques d’un hôpital.

Espérons que chacun prenne ses responsabilités quitte à ce qu’une nouvelle loi (celle en préparation) clarifie les obligations de chacun en cas de danger potentiel.

Autre chose intéressante dans l’émission, un reportage sur l’Unité Hospitalière Spécialement Aménagée (UHSA) de Bron-Le Vinatier dans le Rhône, premier hôpital-prison de France (à ne pas confondre avec les UMD, Unité pour Malades Difficiles).

Pour en finir avec la “schizophobie”, par Vincent Girard et Claude Lefebvre

La tribune ci-dessous a été publiée dans le journal Le Monde en août 2008 :

En décembre 2004 à l’hôpital psychiatrique de Pau, deux infirmières étaient assassinées de façon spectaculaire par un ancien patient. Cet événement, hautement médiatisé, fit réagir le gouvernement, qui commanda deux rapports et lança, en février 2005, un nouveau plan santé mentale. Le budget 2005-2008 alla donc pour une grande partie dans la construction de “murs”. Un non-sens puisque 68 % du suivi psychiatrique est réalisé hors de l’hôpital. Paradoxalement, la grande majorité du personnel des services de psychiatrie publics travaille au sein d’un hôpital, et non pas dans la cité, où vivent pourtant les patients.

Les faits divers et la réaction de certains politiques renforcent les stéréotypes existants dans la population, qui lient meurtre et maladie mentale. Ainsi, une récente enquête du centre collaborateur OMS de Lille, réalisée sur plus de 40 000 Français, montre les amalgames forts qui existent dans les représentations sociales des Français entre meurtre, inceste, violence et folie et maladie mentale. Avec toutes les conséquences que cela a sur l’image de la psychiatrie. Des amalgames qu’il faut dénoncer car, en réalité, environ 95 % des meurtres sont commis par des personnes n’ayant aucune pathologie mentale !
En 2005, le rapport “Santé, justice et dangerosités”, proposait comme mesure nouvelle l’enfermement des détenus présentant des troubles de la personnalité et reconnus comme “encore dangereux”, une fois leur peine de prison réalisée, dans des “centres fermés de protection sociale”, de façon renouvelable tous les ans, et donc possiblement jusqu’à la mort. Cette proposition va bientôt être appliquée par le gouvernement.
Un rapport publié en mars 2005 sous la direction de l’anthropologue Anne Lovell soulignait pourtant : “Le risque attribuable aux personnes malades mentales (…) est faible, les taux estimés sont encore bien moindres si l’on décompte les troubles liés à l’alcool.
Les données scientifiques mettent en évidence la vulnérabilité d’une personne atteinte de schizophrénie, bien plus souvent victime d’agressions, de vols et de viols qu’une personne non malade. La prévalence des crimes violents envers les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante qu’en population générale. La prévalence des vols sur personnes est quant à elle 140 fois plus élevée. 40 % des personnes sans abri présentant une schizophrénie se sont fait agresser au cours des six derniers mois. Le risque pour une femme sans abri atteinte de schizophrénie d’être victime d’agression physique et de viol est tellement important que les chercheurs parlent d’expérience normative.
Ces violences dont sont victimes les sans-abri présentant une schizophrénie sont liées à leur grande vulnérabilité et à la stigmatisation de leur pathologie. Cette stigmatisation, entretenue par les médias, favorise le repli, l’isolement, le sentiment d’infériorité et conséquemment les suicides, très nombreux. La première des urgences en France est de développer le travail d’équipes mobiles de psychiatrie et de donner un logement et des possibilités de réinsertion aux sans-abri.
Il est significatif que la question de la maladie mentale soit abordée par la presse et les politiques à l’occasion d’un meurtre. La réaction du sénateur Demuynck, qui propose des mesures vigoureuses de placement, rappelle celle de M. Douste-Blazy, qui proposait plus de lits d’hospitalisation. Il existe aujourd’hui entre 300 000 et 500 000 personnes atteintes de schizophrénie en France qui n’ont jamais commis de meurtre. Elles ont des droits, notamment celui d’être protégées par le gouvernement des discriminations et des violences physiques et psychologiques dont elles sont victimes au quotidien.
Aujourd’hui le problème principal rencontré par ces personnes est celui de la stigmatisation et de l’exclusion. Elles demandent à être considérées comme tous les autres citoyens dans la cité. Nombre de personnes diagnostiquées avec une schizophrénie disposent d’un appartement, travaillent, payent des impôts, ont des activités sociales riches, fondent même des familles.
L’amalgame fait par le grand public, les médias et les politiques entre maladie mentale et violence doit cesser, car il est une violence de plus faite aux personnes malades. Cette idée reçue génère des peurs, des réactions de rejet qui entraînent de graves conséquences sur leur santé et sur leur vie. Cette “schizophobie”, comme la xénophobie et l’homophobie, doit être combattue. Une nouvelle loi de santé publique doit être votée, une loi qui aurait pour objectif de protéger les personnes concernées par la maladie mentale. Ce sont elles les premières victimes.

Vincent Girard, psychiatre
Claude Lefebvre, photographe

Article paru dans l’édition du Monde du 17.08.08.

émission de Public Sénat sur les UMD et les appartements thérapeutiques

Une émission « enjeux d’avenir de la chaîne Public Sénat était consacrée en 2009 à « l’enfermement psychiatrique ».

L’émission est revisionnable en Vidéo à la Demande sur
http://www.publicsenat.fr/vod/enjeux-d-avenir/l-enfermement-psychiatrique/jean-louis-senon,jean-luc-roelandt,/60877

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L'enfermement psychiatrique 1/3 par Petite-Facetieuse

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L'enfermement psychiatrique 2/3 par Petite-Facetieuse

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L'enfermement psychiatrique 3/3 par Petite-Facetieuse

Elle abordait entre autre la question des Unités pour Malades Difficiles (en consacrant un reportage à l’UMD Sarreguemines en Moselle) et celle des appartements thérapeutiques (en consacrant un reportage aux appartements thérapeutiques en Italie où ils sont plus développés).

Etaient interviewés aussi le psychiatre et criminologue Jean-Louis Senon et le psychiatre Jean-Luc Roelandt.

Le psychiatre et criminologue Jean-Louis Senon avait un point de vue intéressant sur les mesures que voulait mettre en place le président de la République française fin 2008 (après le meurtre à Grenoble d’un étudiant par un schizophrène échappé d’un hôpital psychiatrique) : le bracelet électronique. Il disait que cette mesure est absurde et contre-productive. Les malades étant parfois paranoïaque, la pose d’un bracelet électronique ne fera qu’alimenter leur délire et ne les aidera pas à se stabiliser.

sujet sur un schizophrène dans le JT de 20 heures de France 2 du 03 février 2010

Un sujet du JT de 20 heures de France 2 du mercredi 03 février 2010 était consacré à schizophrène.

Il est visionnable en ligne sur :
http://jt.france2.fr/player/20h/index-fr.php?jt=20100203
(à 10 minutes du début)

Reportage de TF1 sur Ainay-le-Chateau, le ‘village des fous’

L’émission de reportages d’ « access prime time » de TF1 « 7 à 8 » était consacrée au village d’Ainay-le-Chateau dans l’Allier qui compte, dans des familles d’accueil, de nombreux schizophrènes, bipolaires et autres retardés mentaux.

Cette enquête est assez critiquable :
– les maladies sont très euphémisées, ainsi il n’est jamais prononcé le mot de schizophrène alors que la schizophrénie et les troubles bipolaires sont les maladies principales dont souffrent les malades qui habitent à Ainay-le-Chateau
– le choix du sujet filmé pour être le « héros du reportage » n’est pas anodin. Ce n’est pas un malade mental mais un retardé mental, « Monsieur Léon », papy de plus de 60 ans

Néanmoins, le sujet est intéressant puisqu’il apporte un éclairage sur un petit hôpital psychiatrique doublé d’un immense CMP à la campagne.

– émission de radio sur France Culture :
histoire de l’hôpital psychiatrique à la campagne d’Ainay-le-Château, le ‘village des fous’