Emission de TF1 « fous dangereux, paranoïaques : voyage au coeur de la folie meurtrière »

TF1 consacrait son émission « Enquêtes et révélations » aux urgences psychiatriques et aux Unités pour Malades Difficiles (UMD) hier 17 novembre 2010 à 23h25. Une émission racoleuse, réductrice et sensationnaliste qui faisait l’amalgame entre la schizophrénie (qui peut être soignée et stabilisée) et les malades dangereux qui sont minoritaires et très rares.

Teaser de l’émission : « Fous dangereux, schizophrènes paranoïaques : voyage au coeur de la folie meurtrière »

Voici les notes prises pendant l’émission :

« j’ai tué plusieurs membres de ma famille avec fantasmes cannibales et nécrophiles. »

« Ma mère était à terre, il y avait plein de sang. »

Ils sont 450 à être enfermés dans des UMD.

UMD de Villejuif, la plus grande UMD de France

Urgences psychiatriques de l’hôpital du Vinatier à Lyon

« Derrière la maladie de ce patient se cache une souffrance énorme. »

Psychiatre Nathalie Giloux

Monsieur qui va mal depuis 3~4 jours, très anxieux, il se sent dangereux.

« 3 millions de personnes qui souffrent de problèmes psychiques en France ».

Hospitalisation sous contrainte

La femme du malade signe une Hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT).

Benjamin, 22 ans, a voulu se suicider en avalant une boîte de cachets.
Attaché à un brancard.

« Grosse dépression sans avoir eu de soucis auparavant »
« Mal être qui s’accumule »

Lendemain 10h, le psychiatre Giloux reçoit Benjamin en consultation.
Il avait pris anti-dépresseurs et anxiolytiques.

Une conduite suicidaire est considérée comme grave.

« Monsieur, vous allez partir au Vinatier. »

« Le Vinatier, ça voulait dire que j’étais fou. »

Autre patient escorté par 2 policiers

Jeune homme amené à la demande de son frère

Service d’urgence (gros bras) de l’hôpital appelé par un bipeur.

« à la limite de passer à l’acte en frappant »

Moyenne de séjour aux urgences de l’hôpital du Vinatier très variable : au minimum il faudrait que ça soit 6 heures.

Encombrement en aval des urgences.

20 patients pour un service de 7 lits dont 2 réservés aux adolescents.

Benjamin partira dès le lendemain rejoindre une clinique adaptée.

Autre patient (Ahmed) au délire mégalomaniaque

Il restera hospitalisé sous contrainte tant qu’il sera dans le déni.

« Quitter les lieux ? » Non.

UMD

Les patients les plus dangereux de France.

« Je voulais organiser un festin cannibalique avec les corps de ma famille. »

Il a assassiné en 2007 sa mère et son frère de 14 ans.

« Infidélité de ma petite amie : elle a eu un rapport sexuel avec quelqu’un d’autre ».

UMD pour les malades ingérables.

Resteront-ils dangereux ?
Pourront-ils se réintégrer à la société ?

« J’ai vu 3 experts »
« Ils m’ont diagnostiqué schizophrène »
« Schizophrène = fanatique qui veut purifier le monde » (sic) [parole du psychopathe]

« J’ai eu le non-lieu psychiatrique »

« Moins de 1% des criminels sont jugés irresponsables ».

Vous pensez que vous étiez irresponsable ?

« J’avais décidé de ce que j’ai fait, j’avais conscience ».

Patient qui reste un malade.

« Je ne vois pas un dangereux meutrier »
« On est pas dans le punitif, on est dans le soin »

« S’il est là c’est que c’est un cas difficile (c’est le nom des UMD). »

« rétablir la part d’humanité qui est en lui. »

« Je vais écrire une chanson sur le viol. »

Le parcours psychiatrique de ce jeune patient sera long.

Ici à Villejuif ont défilé les tueurs en série et les cannibales :
Issei Sagawa le cannibale
Maxime Brunerie qui a tenté d’assassiner Jacques Chirac pendant un défilé du 14 juillet
[NDLR : ces deux criminels célèbres ne sont pas schizophrènes. Pourquoi TF1 fait l’amalgame alors ?]

600 000 schizophrènes en France, sur ces 600 000, 3000 sont dangereux [source language= »? »][/source][/source].

Malades qui se prennent pour des prophètes ou pour Dieu.

Le délire mystique est une part culturelle de la maladie qui fait partie de la pathologie.
Permet de diagnostiquer la maladie.

Médicaments 4 fois par jour en UMD.

Effets secondaires : tremblements et problèmes d’élocution.

« atténuer les symptômes » avec les médicaments.

Question à l’infirmier : que se passe-t-il si une personne normale prend ces médicaments [neuroleptiques sédatifs] ?
Réponse de l’infirmier : « Si vous prenez un quart du traitement vous dormez quelques jours ».

Délires de persécutions

Les infirmiers refusent que nous filmions ce patient en crise, cela pourrait l’exciter.

Docteur Lachaux

« Vous vous faites des idées »

Il est plus dangereux pour lui-même que pour les autres.

Même dans sa chambre il est persécuté par des créatures imaginaires.

Les infirmiers l’attachent avec une camisole.

Chambre de haute sécurité, porte reblindée car un patient a réussi à la casser par coups de pieds.

« Pas de ressorts dans le lit car tout peut être une arme. »

Risques suicidaires quand le patient prend conscience de la gravité de son acte.
Risques de s’auto-mutiler.

15h00, fin de la sieste obligatoire

Tous les infirmiers se sont portés volontaires et touchent une prime de risque de 230 euros par mois.

Pensionnaires libres de circuler dans les couloirs de l’UMD la journée.

Rituel sacré : la pause cigarette. Chaque patient se les paye avec ses économies comme en prison.

4e séjour de Karim (30 ans) à l’UMD.

[1ère coupure pub]

Dans la cour se cotoient des paranoïaques, des pervers, mais surtout des schizophrènes.

Schizophrénie = « incohérence »

16h00 : distribution obligatoire et à heure fixe des médicaments.

On ferme les toilettes lors de la distribution des médicaments pour éviter qu’ils les rejettent dans le trou.

Sur 450 personnes placées en UMD en France, 30 femmes.

Patientes entre 18 et 40 ans.

15 patientes qui se sont auto-mutilées ou qui ont commis des infanticides

« Elles ne sont pas toutes stabilisées. »

Sofia, 23 ans qui a agressé à plusieurs reprises sa famille

« ma mère était à terre, il y avait plein de sang »

Né en Roumanie et adoptée, elle a agressé sa mère adoptive.

Elle a commis des actes violents sur autrui.

Agressive envers les forces de l’ordre.

9 mois de soin.

Atelier cuisine (repas thérapeutique pour améliorer le quotidien) : seulement 5 patientes sur 15 sont considérées aptes à le suivre, les autres sont jugées trop dangereuses.

La violence d’Annick a été canalisée.

« Je buvais, je me taillais les veines »
« Je faisais ça parce que j’entendais des voix dans ma tête »

Les patientes manient couteaux et fourchettes.

« Les chaises sont attachées à la table, c’est la sécurité. »

« On regarde toujours la télévision. »

Brigitte (40 ans) la patiente la plus difficile de l’UMD a les mains toujours attachées.

« Côté caractériel qui la qualifie. »

Elle tient des propos incohérents.

« Elle va dire des choses tristes avec un faciès souriant. »

Elle essaye de frapper un infirmier sans raison.

Patiente qui est depuis beaucoup de temps dans le service.

Les distractions sont rares.

Activités pour éviter que les patientes ne s’abrutissent pas devant la télévision [devant TF1 ?]

Docteur Bernard Lachaux : « troubles du comportement »

Hospitalisation à la demande du prefet.

Noir : « il est très délirant » (« diffluance de la pensée : phrases qui n’ont pas de lien avec la conversation »).

Hugo a saisi le juge des libertés.

Audience : « violences avec armes blanches »
« L’expert préconise le maintien de l’Hospitalisation d’office (HO)
« Vous avez des antécédents psychiatriques depuis 2002 »
Réponse du malade : « Non, depuis plus récemment seulement ».

Les décisions de levée d’HO sont rares.

Chaque mois des experts psychiatres se réunissent en commission pour décider des sorties de l’UMD. Les patients retournent en hôpital ou en prison.

Le patient doit avoir une critique de ses actes et de son délire (pour que son HO soit levée).

Infirmière : « Ce n’est pas une punition ici ».

5 % des malades sortis d’UMD récidivent.

Extraits de JT de TF1 annonçant des faits-divers

« Il se prenait pour Dieu »

Jean-Jacques Auzeill artiste habitué des hôpitaux psychiatriques devenu meutrier.

Artiste ariégeois ayant fait fortune dans les minitels roses.

Manoir transformé en restaurant.

Ensuite il recevait des gens qui se droguaient, avec des chiens…

Il se prenait pour un gourou.

Jean-Jacques menace de passer à l’acte.

« Si vous ne partez pas, je me couperais une phalange »
« Il s’est coupé 7 phalanges »

2001 : premier internement
internements intermittents jusqu’en 2007.

Psychiatre Jean-Christophe Thomas

Maître Eric Puy-Monbrun

En 2007, il se fait expulser du manoir.

Accueilli dans un château par un bénévole.

12 avril 2010 : Jean-Jacques s’en prend à son hébergeur après l’avoir soupçonné d’avoir violer l’une de ses 8 femmes imaginaires.

Bruno l’hébergeur n’a pas avoué le viol (imaginaire).
Il a été tué à coup(s ?) de gourdin.

Au coeur de la polémique, le Docteur Michel Boudet.

[2e coupure pub : pubs pour des jeux vidéos mystiques ou de la musique religieuse ! (vachement ciblé pour les malades qui regarderaient et pour rendre malades encore plus de personnes)]

« Comment le psychiatre a-t-il laissé sortir Jean-Jacques ? »

Jean-Jacques jugé irresponsable, enfermé à l’UMD de Cadillac (près de Bordeaux).

Hôpital Edouard Toulouse, l’un des plus grands hôpitaux psychiatriques de Marseille.

Jérémy, 34 ans, tentative de suicide
« On m’a dit que j’étais bipolaire. »

éducateur : « ce sont des gens refermés sur eux-même ».

Psychiatre : « Si on se soigne, on peut réparer son cerveau. »
« On peut soigner dans la cité » [dans les CMP].

Richard, un habitué de l’hôpital

Psychiatre Marc Laugier

chambres d’isolement appelées « cellules » par les patients.

Chez ce patient, « déstructuration complète du délire contrairement à la paranoïa. »

Passages à l’acte dans la rue.

Psychiatre : « J’ai fait une demande de placement en UMD » mais il n’y a pas de place.

Commentaire de l’animatrice/journaliste plateau en conclusion :

En 20 ans, 50 000 places en hôpital psychiatrique ont été fermées.
4 UMD vont être construites

Le psychiatre Marc Laugier vu dans le reportage est décédé d’un cancer depuis qu’il a été filmé.

(encore) une émission de télé ce soir 7 mars 2010 sur les UMD et les urgences psychiatriques

L’émission ‘Enquête exclusive’ ce soir à 22h45 sur M6 présentée par Bernard de La Villardière est consacrée à l’UMD (Unités pour Malades Difficiles) de Sarreguemines et aux urgences psychiatriques de Montpellier.

La vidéo a été supprimée de Dailymotion.

On pouvait craindre le pire de la part d’une émission racoleuse, réductrice, produite « à la chaîne » (il y a une émission enquête exclusive par semaine sur M6) dans l’urgence et non dans la durée en prenant le temps de comprendre.

On peut aussi regretter que l’émission, encore une fois*, ne s’intéresse qu’aux cas de schizophrénies les plus graves (ceux traités dans les UMD) et non à la réinsertion des schizophrènes ou à leur vie professionnelle, familiale ou affective.

* Émissions de radio ou de télévision déjà consacrées aux UMD :
émission de radio sur l’UMD (Unité pour Malades Difficiles) de Villejuif
sujet sur les UMD dans le JT de 20 heures de France 2 du 31 janvier 2010
émission de Public Sénat sur les UMD et les appartements thérapeutiques

« Hopitaux psychiatriques, les abandonnés ». Reportage des « infiltrés » sur France 2

Je vous avais annoncé l’émission de France 2 des infiltrés sur « l’Hôpital Psychiatrique : les abandonnés ». Elle est passé hier soir.

Voici les notes que j’ai prises pendant l’émission :

Aulnay-sous-Bois
secteur C ouvert

27 patients

2 infirmiers, 1 aide soignante, 1 femme de ménage

Mounir : psychose infantile

Véronique : péritonite, soins intensifs

1 meurtre d’une patiente par un patient dans le secteur B

1100 postes de praticiens hospitaliers vacants en France

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Debr%C3%A9
urologue !

4 millions de personnes suivies en psychiatrie en France :
– 2 millions en secteur privé
– 1,2 million en psychiatrie publique
– 500 000 autres en médico-social

1983-84 : suppression de la spécialité psychiatrie pour les infirmières

200 passages par jour aux urgences psychiatriques de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois

les familles

Patricia Bouvelot (membre de l’UNAFAM ?) : soeur qui a syndrome hallucinatoire et sentiment de persécution et qui nie sa maladie

51000 mis en examen
215 irresponsables pénalement
0,4 %

Marcel Rodriguez, retraité, victime d’une tentative d’assassinat par un schizophrène paranoïaque qui a récidivé après et tué quelqu’un dans la même résidence

420 places au total dans les 5 UMD françaises.

Jean-Luc Senninger, Chef de service (psychiatrie) à l’UMD de Sarreguemines (Unité pour malades difficiles)

17 à 20 crimes qui touchent des tiers (par an ?)

Chat avec Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNaPsy)

LEMONDE.FR | 19.04.10 | 17h32 • Mis à jour le 20.04.10 | 18h02

L’intégralité du débat avec Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNaPsy), mardi 20 avril 2010, est sur le site du journal Le Monde et ci-dessous.

Claude Finkelstein est présidente de la Fédération nationale des patients en psychiatrie.

guilmard : Comment concevoir une hospitalisation psychiatrique à domicile ? Quelle organisation ? Quels objectifs ? Pour quels types de maladies ?

Mme Claude Finkelstein : Pour moi, il n’y a pas d’hospitalisation psychiatrique à domicile, il y a des soins à domicile, des soins acceptés ou sous contrainte. Cela correspond à des visites à domicile d’infirmiers psychiatriques et/ou de psychiatres ; pour les soins sous contrainte, évidemment ce sera plutôt des molécules retard. Par exemple une injection par mois pour les maladies les plus difficiles.

L’objectif : des soins de meilleure qualité si le patient accepte qu’ils soient faits à domicile. Pour quels types de maladie ? Pour les maladies qui nécessitent des soins au long cours et réguliers, comme les psychoses : la schizophrénie, les troubles maniaco-dépressifs, etc.

NRF : Qu’appelle-t-on des molécules retard ?

Comme pour les autres pathologies, par exemple le diabète, il existe des molécules qui sont administrées une fois et qui font de l’effet pendant huit à quinze jours, voire un mois.

guilmard : Cela voudrait-il dire que, sur simple appel téléphonique d’un membre de l’entourage, que la personne soit majeure ou non, un psychiatre pourrait se déplacer au domicile de la personne en situation de mal-être ?

C’est déjà le cas. Souvent, pour les personnes qui sont en déni de maladie, l’entourage peut faire appel à un professionnel, qui décidera si oui ou non une hospitalisation sous contrainte doit être proposée.

Guest : L’hospitalisation « hors de l’hôpital », à défaut d’être « à domicile », n’est-elle pas déjà une réalité lorsque l’on voit le nombre de personnes que les hôpitaux psychiatriques ne « gardent » pas au-delà de quelques jours ?

Il faut faire la différence entre l’hospitalisation et les soins sous contrainte. Là, on parle de soins sous contrainte en ambulatoire. Je ne pense pas que l’hospitalisation hors de l’hôpital soit déjà une réalité. Ces maladies sont des maladies qui se soignent très bien hors de l’hôpital.

croisettes : Pensez vous réellement qu’un patient inconscient de ses troubles acceptera une prise en charge à domicile régulière ? N’y verra t-il pas au contraire une possibilité d’échapper à l’hospitalisation ?

Un patient peut être inconscient de ses troubles lors d’une crise, ce qui ne veut pas dire qu’il est totalement inconscient de la maladie qu’il subit. Certains accepteront cette prise en charge à domicile régulière afin de ne pas être dans un hôpital. C’est un choix personnel.

Alain : De moins en moins de lits, de moins en moins de professionnels, de moins en moins de moyens, de plus en plus de patients…comment faire ?

Je ne suis pas sûre que la réponse aux patients soit obligatoirement des lits. Ceux-ci sont la plupart du temps utilisés pour les patients dits « au long cours », qui devraient bénéficier de structures alternatives. Nous avons le plus fort taux de psychiatres au nombre d’habitants en Europe, et également un des plus forts taux de suicides. Il me semble que c’est plus une question d’organisation, et surtout de prévention.

guilmard : Faut-il, comme cela se passe actuellement, attendre les tentatives de suicides, pour que les malades, inconscients alors, soient enfin pris en charge, ou aient enfin un début de prise en charge…

C’est le grand problème : nous n’avons aucun système de prévention, aucun système de politique de santé publique sur la santé mentale, et une grande difficulté de réponse à la demande.

laurent : Est ce envisageable lors d’épisodes maniaques ?

D’abord il faut une hospitalisation à l’hôpital, avec une observation et une discussion avec la personne pour voir si un retour au domicile peut être envisagé avec prise de molécules.

leoniedas : Vous êtes donc pour la fermeture des centres hospitaliers spécialisés en psychiatrie ?

Je l’étais, mais je le suis beaucoup moins depuis que j’ai visité régulièrement des services psychiatriques en hôpital général. Je suis pour de petites unités, genre cliniques publiques, à taille humaine, mais spécialisées en psychiatrie. Parce que dans les hôpitaux généraux, le service psychiatrique est le parent pauvre, on lui retire du personnel, on n’envisage pas de rénovation.

croisettes : La prise en charge hors les murs demande des moyens humains importants. Vont-ils être pris sur les moyens alloués à l’intra hospitalier ? Si oui où est le bénéfice ?

Pour l’usager, le bénéfice est important s’il accepte d’être soigné chez lui : pas de désocialisation, pas de stigmatisation… Je ne pense pas qu’actuellement il y ait plus de moyens donnés à la psychiatrie, comme aux hôpitaux généraux. C’est une question de société.

Ricardo 2009 : L’hospitalisation à domicile est-elle possible pour des patients psy ne voulant rien du tout, tels les SDF ? Qui pourrait assurer leur securité ? Les soignants, les flics ?

Toute hospitalisation ou soins sous contrainte est possible pour les personnes dangereuses pour elles ou pour les autres. Les soignants sont là pour assurer la sécurité, l’humanité et le soin.

Marguerite : Il y a quelques années, j’ai dû faire interner quelqu’un de ma famille pour des délires. Cette personne a eu ensuite des soins en centre ouvert et un traitement médicamenteux. Je n’ai jamais pu avoir de diagnostic de la maladie. Cela pose des problèmes car la famille ne sait pas comment se comporter et comment réagir à la suite de délires et
visions résurgentes. Que faire ?

La personne soignée peut demander l’accès direct à son dossier médical dans lequel il devrait en principe y avoir un diagnostic. Ce qui vous permettrait de faire des recherches sur la maladie. En psychiatrie, nous souffrons terriblement du manque d’information sur le diagnostic, sur la maladie. Les familles, les proches souffrent également de non-information sur ce qui se passe, sur ce qu’ils pourraient faire pour aider la personne. Je pense que c’est très grave.

Jackie : Nous sommes une association d’usagers (1991) de la psychiatrie, forte de plus de 120 membres, et nous n’avons même pas la possibilité d’être reconnu comme groupe d’entraide mutuelle (GEM). Pourquoi et comment faire ?

Un groupe d’entraide mutuelle est composé d’usagers en psychiatrie et fonctionne comme un club de soutien et d’entraide. Nous avons obtenu, par la loi du 11 février 2005, qu’une aide soit accordée à ce type de clubs. Cette subvention, d’un montant maximum de 75 000 euros par an, leur permet de trouver un local et d’avoir deux animateurs pour les aider dans la vie de tous les jours. Il en existe actuellement 343 sur toute la France, mais de nouvelles créations ne sont pas encore envisagées.

Ludovic : Comment la liberté des individus est-elle preservée dans le cadre d’une hospitalisation sous contrainte à domicile ?

Les soins sous contrainte sont une atteinte à la liberté « pour le bien du patient ». C’est la difficulté en psychiatrie, justement, ces soins indispensables parfois qui touchent à la liberté de chacun. A domicile, pour nous, les soins sous contrainte ne peuvent être que proposés et acceptés par la personne qui est hospitalisée sans son consentement. Nous passons actuellement d’une loi qui permet l’hospitalisation sans consentement à une loi qui instaurerait les soins sous contrainte.

Marguerite : Quels sont les moyens proposés aux familles pour pouvoir aider leurs malades ? Pourquoi ce refus des psychiatres de parler aux familles ? Finalement ce sont eux qui font perdurer le « tabou » de la maladie. Quand un membre de la famille a une maladie grave ou autre, on est au courant, et là rien, le grand silence…. Si les points de vue du « public » ont évolué , celles des praticiens en aucune façon…

Les familles connaissent les maladies des personnes si celles-ci sont d’accord, et ce, quelle que soit la pathologie. En revanche, en cas d’hospitalisation psychiatrique, en cas de maladie et de crise, il serait indispensable que les psychiatres rencontrent les familles en dehors du patient et leur expliquent ce qu’est la maladie, les moyens de la combattre, et leur donnent un soutien.

FF38 : Pourquoi donner plus de moyens aux Unités pour malades difficiles (UMD) et aux Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour les détenus alors que les schizophrènes qui prennent leur traitement en ont besoin aussi : appartements thérapeutiques, allocation autonomie handicapé (AAH) à laquelle ils ont droit mais qu’ils ont du mal à obtenir…

Les moyens ne viennent pas des mêmes « enveloppes ». Il y a les moyens pour la santé et les moyens pour le social et le médico-social. Cela devrait s’arranger avec les agences régionales de santé (ARS). Je suis d’accord avec vous, mais il faut des unités pour malades difficiles dans certains cas.

Alexandre : Que pensez vous du modèle scandinave, qui sacrifie parfois l’hospitalisation à proprement parlé pour des soins à domicile 2.0 (avec Webcam et matériel domestique par exemple) ?

On y arrivera, je pense, mais nous ne sommes pas encore prêts. En psychiatrie, les moyens humains sont indispensables car il s’agit de maladies de l’être, la relation est primordiale.

Ludovic : Est-ce que ces médicaments ne servent pas simplement à annihiler la volonté de la personne malade ?

Vous parlez de la camisole chimique. Les médicaments sont parfois indispensables pour calmer la souffrance. Il ne faut pas l’oublier. En revanche, les effets secondaires sont souvent perçus comme une atteinte à notre liberté et à notre volonté. Il faudrait pouvoir discuter avec les soignants des molécules administrées.

Alexandre : Pensez vous que l’amélioration de la condition des malades soignés et de leur réinsertion doit aussi passer par une sensibilisation de ceux en bonne santé ?

Oui, dans l’absolu. Reste à savoir ce que c’est que d’être en bonne santé. Où est la frontière dans notre société ? En revanche, une campagne de déstigmatisation est indispensable. La société a toujours peur de la folie, de ce qui ne se maîtrise pas.

Interview sur les bouffées délirantes aiguës

interview du psychiatre David Gourion dans l’émission le magazine de la santé sur France 5.


Magazine de la santé : bouffées délirantes aiguës par schizophrenie

Plus d’informations sur les BDA :
article de Wikipedia sur les bouffées délirantes aiguës

émission sur l’hopital St Jean de Dieu à Lyon et l’UMD de Montfavet (Avignon)

L’émission de M6 « 66 minutes » du 10 juin 2009 était consacrée à un hôpital psychiatrique (l’hôpital psychiatrique privé St-Jean-de-Dieu à Lyon) et à une Unité pour Malade Difficile (UMD), celle d’Avignon Montfavet.

L’émission est peut être visionnée sur Dailymotion en 3 parties ci-dessous :


«Fous dangereux» : vol au-dessus d'un nid de… par 20thcenturyfox

Commentaire
On peut regretter 2 choses :
– le titre racoleur « « Fous dangereux » : vol au-dessus d’un nid de coucou », même avec les guillemets
– le fait qu’un magazine de télévision s’intéresse encore aux UMD et pas aux dizaines de milliers schizophrènes qui essayent de travailler et vivre normalement.

encore un sujet de JT sur les UMD, cette fois-ci sur TF1 dans le 20h du 15 mars 2010

Encore un sujet sur les UMD (Unités pour Malades Difficiles), cette fois-ci sur celle de Plouguernével en Bretagne.

On peut regretter et s’insurger contre le fait que tous les JT et beaucoup de médias ne s’intéressent qu’aux UMD (Unité pour Malades Difficiles) et donc aux malades qui vont mal et ceux qui peuvent être dangereux. Pas aux malades qui essaient de se réinsérer et qui ont du mal à trouver un appartement thérapeutique ou du mal à bénéficier de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé).

Voici tous les sujets consacrés aux UMD depuis à peine 3 mois :
enquête exclusive sur les UMD et les urgences psychiatriques
émission de Public Sénat sur les UMD et les appartements thérapeutiques
émission de radio sur l’UMD de Villejuif
sujet sur les UMD dans le JT de 20 heures de France 2 du 31 janvier 2010
– sans compter le documentaire de l’agence CAPA passé sur France 3 « Que faire de nos fous ? » (qui commençait par un sujet sur cette même UMD de Plouguernével en Bretagne) mais non revisionnable en ligne gratuitement à notre connaissance

émission de Public Sénat sur les UMD et les appartements thérapeutiques

Une émission « enjeux d’avenir de la chaîne Public Sénat était consacrée en 2009 à « l’enfermement psychiatrique ».

L’émission est revisionnable en Vidéo à la Demande sur
http://www.publicsenat.fr/vod/enjeux-d-avenir/l-enfermement-psychiatrique/jean-louis-senon,jean-luc-roelandt,/60877

1/3

L'enfermement psychiatrique 1/3 par Petite-Facetieuse

2/3

L'enfermement psychiatrique 2/3 par Petite-Facetieuse

3/3

L'enfermement psychiatrique 3/3 par Petite-Facetieuse

Elle abordait entre autre la question des Unités pour Malades Difficiles (en consacrant un reportage à l’UMD Sarreguemines en Moselle) et celle des appartements thérapeutiques (en consacrant un reportage aux appartements thérapeutiques en Italie où ils sont plus développés).

Etaient interviewés aussi le psychiatre et criminologue Jean-Louis Senon et le psychiatre Jean-Luc Roelandt.

Le psychiatre et criminologue Jean-Louis Senon avait un point de vue intéressant sur les mesures que voulait mettre en place le président de la République française fin 2008 (après le meurtre à Grenoble d’un étudiant par un schizophrène échappé d’un hôpital psychiatrique) : le bracelet électronique. Il disait que cette mesure est absurde et contre-productive. Les malades étant parfois paranoïaque, la pose d’un bracelet électronique ne fera qu’alimenter leur délire et ne les aidera pas à se stabiliser.

émission de radio sur l’UMD (Unité pour Malades Difficiles) de Villejuif

La courte émission de radio « reporters » à 7h15 dans la matinale de France Inter était consacrée ce matin à « Les malades mentaux sont-ils dangereux ? ».

Lien pour télécharger l’émission (clic droit -> « enregistrer sous ») ou l’écouter en streaming [format mp3, 4,8 Mo]

Dommage que la journaliste de France Inter Danielle Messager n’ait pas dit dans son reportage que s’il y a bien 400 à 450 schizophrènes au total dans les 5 UMD françaises, ils ne représentent qu’une infime partie des 650 000 schizophrènes en France.

Elle donnait d’autres chiffres :
– la durée de séjour moyenne en UMD est de 1 an
– un psychiatre ou infirmier interrogé disait que les non-lieu pour irresponsabilité pénale psychiatrique ne représentaient que 0,4 % des affaires (criminelles ? pénale ?).

Texte sur la page de l’émission :

jeudi 4 février 2010

Les malades mentaux sont-ils dangereux?

C’est la question que l’opinion publique se pose régulièrement après un fait divers traumatisant dans lequel un malade sorti d’un hôpital psychiatrique se trouve impliqué. Aujourd’hui , hors contexte de faits divers, on va se rendre dans une UMD: unité pour malades difficiles.Il existe 5 UMD en France. Je vous emmène dans l’unité la plus ancienne, puisqu’elle date de 1910. Elle est rénovée heureusement! Elle se trouve dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique Paul Guiraud de Villejuif. 7O% des patients viennent d’un service psychiatrique qui ne s’en sortait pas avec eux, c’était l’échec total ; les autres ont commis ce qu’on appelle un acte médico-légal….C’est le Dr Bernard Lachaux, psychiatre médecin-chef qui nous introduit dans l’unité.On n’est pas en prison, mais ça y ressemble un peu quand même, de l’extérieur !

Interview

L’itinéraire des 69 malades passe par 3 pavillons. Celui d’entrée est le plus « délicat ». Ensuite, il y a l’intermédiaire et puis enfin, celui de la sortie. On arrive au pavillon d’entrée… Les malades sont dans leur chambre ; c’est le repos de l’après-midi.

Interview

Alors qu’ on parle « sécurité » indispensable…c’est le soin , encore et toujours le soin, qui est mis en avant: médicaments, psychothérapies, activités… Mais qu’est-ce qui fait que ce qui a échoué en HP classique va réussir ici ?

Interview

Des systèmes de soins intensifs parce qu’ils s’adressent à des malades en danger ou à des malades dangereux ? Le grand mot est lâché, à l’occasion rare mais toujours très exploitée d’un fait divers dramatique. L’association est vite faite entre dangers et malades mentaux.

Interview

Pour autant, peut-on, comme le souhaiterait l’opinion, prévenir tous les risques et apporter une réponse politique à un problème de santé ?InterviewLa durée de séjour en unité pour malades difficiles est en moyenne de 1 an. La plupart des malades n’y vient qu’une fois avant de regagner un service psychiatrique classique.
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Un reportage de Danielle Messager.

sujet sur les UMD dans le JT de 20 heures de France 2 du 31 janvier 2010

Un sujet du JT de 20 heures de France 2 du dimanche 31 janvier 2010 était consacré aux UMD (Unités pour malades difficiles).
Il est visionnable en ligne sur :

http://jt.france2.fr/player/20h/index-fr.php?jt=20100131
(à 12 minutes 25)

C’est l’UMD de Sarreguemines en Moselle qui a accueilli l’équipe de tournage des journalistes de France 2.

Plus d’informations sur l’article Wikipedia sur les UMD (Unités pour malades difficiles).