Comment réussir le recrutement d’un handicapé psychique (schizophrène, bipolaire…) ?

La personne handicapée psychique possède généralement un bon niveau d’études et de formation. Elle peut donc prétendre à un panel élargi de postes. Mais sa situation particulière impose que les règles de recrutement soient un peu bousculées.

• Les tests de personnalité et les analyses de CV (à cause des « trous » dans la chronologie des expériences) ne sont pas les outils adéquats pour évaluer les qualités d’un candidat.

• L’information et la sensibilisation des collaborateurs sont impératives. Mieux vaut faire appel à une structure extérieure pour travailler sur les représentations du handicap psychique et en découvrir les conséquences psychiatriques, médico-sociales et sociales.

• La réussite d’un recrutement passe par un accompagnement interne et/ou externe,
et par un parcours d’intégration progressif :
une première embauche en CDD et un mi-temps thérapeutique sont des solutions pertinentes pour rassurer la personne handicapée psychique, surtout si elle n’a pas travaillé depuis longtemps.
Ils lui permettent de reprendre pied dans la réalité du travail, avec ses contraintes et ses horaires, avant un retour au plein-temps.

Source :
« Santé mentale et emploi », revue Être Handicap Information, janvier – février 2010.

Cahier N°6 : Recruter et accompagner un collaborateur handicapé psychique.

Le handicap psychique dans l’entreprise et au travail

Trop souvent, la déficience psychique, parce qu’elle reste méconnue [ou à cause des médias qui ne la montre que sous un mauvais jour], inquiète. Pourtant, de nombreuses personnes handicapées psychiques travaillent en entreprise : un accompagnement et des aides existent pour lever craintes et préjugés, aménager l’environnement de travail et faire de leur intégration une opportunité pour tous.

Reconnu comme un handicap par la loi du 11 février 2005, au même titre que les handicaps sensoriel et moteur, le handicap psychique caractérise les personnes atteintes d’une maladie psychique dont les conséquences affectent durablement leur personnalité, leur comportement et leur adaptation sociale. Cette maladie psychique survient le plus souvent à l’adolescence ou à l’âge adulte. Elle ne doit pas être confondue avec le handicap mental, comme la trisomie, qui affecte les capacités intellectuelles, ni avec des troubles psychiques passagers, ou risques psychosociaux, liés entre autres au travail et aux situations de stress. Même s’il peut arriver qu’une situation de stress révèle un problème psychique passé jusque-là inaperçu.

Le traitement médicamenteux associé à une prise en charge psychosociale stabilise la personne handicapée psychique et lui permet de vivre d’une façon autonome et de s’insérer dans le monde du travail. Contrairement aux idées reçues, le handicap psychique présente rarement des symptômes (comportements délirants ou spectaculaires, par exemple) pouvant entraver de façon significative la vie professionnelle. Il est même le plus souvent invisible. De même, la prise de médicaments n’est pas synonyme de moindre performance au travail. Enfin, les personnes handicapées psychiques sont rarement violentes. Il n’en demeure pas moins que ce handicap exige de la personne concernée qu’elle fasse des efforts permanents pour s’adapter et entrer en relation avec les autres. Avec un risque plus grand de se retrouver isolée, voire en rupture sur le plan du lien social.

Information et accompagnement

Ces spécificités du handicap psychique nécessitent une prise en compte particulière de la part des entreprises : le succès de l’embauche, de l’intégration et du maintien dans l’emploi d’une personne handicapée psychique obéit à certaines conditions.
Parce que le handicap psychique est souvent invisible et/ou chargé de stéréotypes négatifs, il est essentiel d’informer et de sensibiliser les collaborateurs qui seront amenés à travailler avec la personne recrutée. L’information ne doit pas tant porter sur la maladie elle-même que sur les symptômes et comportements, parfois déroutants, qu’elle peut entraîner, et doit avoir pour corollaire des conseils pour adopter les attitudes adéquates.

Même stabilisée, une personne handicapée psychique peut traverser des périodes plus difficiles où réapparaît sa fragilité. Plus sensible que d’autres à des situations de tension et de stress, elle demande une prise en charge qui s’inscrit dans la durée et mobilise, de ce fait, tout un réseau d’intervenants. En interne, d’abord, avec le médecin du travail, qui joue un rôle important, en lien avec la direction des ressources humaines, mais aussi l’assistante sociale, le responsable hiérarchique direct et, éventuellement, un collègue « référent » qui exerce une certaine vigilance au quotidien. L’objectif, en effet, est de rester en alerte sur une possible situation de crise et d’intervenir rapidement pour la désamorcer. Le handicap psychique affectant l’ensemble de la personnalité avec des impacts personnels et professionnels, l’objectif est aussi de veiller à ce que la personne ne soit pas isolée, dans l’entreprise comme à l’extérieur. C’est là qu’interviennent les acteurs externes (médecin traitant, psychiatre, service d’accompagnement médico-social, proches…) : il est important que le médecin du travail ou l’assistante sociale les connaissent pour, le cas échéant, établir un contact avec eux.

Quels aménagements ?

Plus fatigable et émotif, parfois instable dans l’établissement de ses relations à autrui, un collaborateur handicapé psychique peut avoir besoin d’un environnement de travail adapté à sa situation et à ses rythmes propres. Cette adaptation passe généralement par une modification personnalisée de l’organisation du temps de travail : mi-temps thérapeutique, horaires aménagés, pauses régulières, tâches planifiées par missions ponctuelles… Ainsi, une première embauche sous forme de contrat à durée déterminée contribue à rassurer la personne handicapée psychique, qui a ainsi le temps de faire ses preuves et de trouver ses repères.

Au quotidien, une vigilance bienveillante, des passages de consignes clairs et sans impatience et une écoute compréhensive sont autant d’attitudes préventives qui permettent à la personne handicapée psychique de se sentir en confiance et détendue, et de faire son travail dans les meilleures conditions. Quel qu’il soit, l’aménagement doit prendre en compte le fait que le handicap psychique s’inscrit durablement dans le temps : il doit donc être envisagé dans le long terme.

Une opportunité pour l’entreprise

Le salarié handicapé psychique représente une réelle opportunité pour l’équipe et les collègues qui l’accueillent. D’abord, parce qu’il fait généralement preuve d’une forte implication professionnelle et d’une assiduité pouvant se traduire par des dépassements d’horaires importants. Il convient d’ailleurs d’y être vigilant pour que cela n’entraîne pas un surcroît de fatigue et de stress. Plus émotif et plus fragile, il est aussi très sensible à l’ambiance d’une équipe, au climat dans lequel se déroule le travail : il joue alors le rôle d’un véritable « baromètre » et prévient une dégradation éventuelle de l’environnement.
L’entreprise elle-même, dans les dispositifs et les procédures mis en place pour faciliter l’intégration d’une personne handicapée psychique, est amenée à réfléchir sur le lien existant entre le travail et la santé mentale. En pensant son organisation de travail pour une personne handicapée, ce sont tous les collaborateurs qui bénéficient de cette approche raisonnée des conditions de travail et voient leurs propres besoins mieux appréhendés.

Dans un contexte social où la problématique du « bien-être au travail » est au coeur des préoccupations, l’intégration réussie d’un collaborateur handicapé psychique aide à poser des règles et des repères utiles pour tous.

Source :
Cahier N°6 : Recruter et accompagner un collaborateur handicapé psychique.

Chiffres sur le handicap psychique et l’emploi en France

350 000 personnes sont reconnues handicapées psychiques en France
(on est loin du compte car il y a 600 000 schizophrènes en France et probablement autant voire plus de bipolaires).

Source : enquête Insee Handicap-Santé 2008.

En 2010 :
• 8 300 personnes ont été accompagnées par Cap emploi et 3 920 ont trouvé un emploi (pas moi)
• 155 personnes ont créé leur entreprise (moi en 2012)
• 292 personnes ont été maintenues dans l’emploi avec l’aide du Sameth.

Source :
Cahier N°6 : Recruter et accompagner un collaborateur handicapé psychique.

Jeanne d’Arc était-elle schizophrène ? Oui car elle entendait des voix

Les invités au débat :
– Christophe Barbier : Directeur de la rédaction et chef du service Politique de L’Express.
– Nicolas Offenstadt : Historien. Dimitri Casali : Historien et directeur de collection.
– Jean Garrigues : Président du Comité d’histoire parlementaire et politique.

Réponse unanime des invités :
oui, elle était schizophrène et serait aujourd’hui soignée.
Mais le Moyen-Age était très religieux.
Et Jeanne d’Arc est la seule prophète (schizophrène) qui a réalisé sa prophétie.

définition du handicap psychique par l’Agefiph

Le handicap psychique résulte de troubles mentaux chroniques ou d’une maladie psychique.
Il se traduit par un dysfonctionnement de la personnalité caractérisé par des perturbations graves, chroniques ou durables, du comportement et de l’adaptation sociale.

Source :
Cahier N°6 : Recruter et accompagner un collaborateur handicapé psychique.

article du Monde « Les troubles mentaux augmentent chez les salariés »

Le Monde | 17.12.11 | 13h50 • Mis à jour le 17.12.11 | 19h47
Sur fond de crise économique, de mondialisation et de nouvelles organisations du travail, la santé mentale des travailleurs se dégrade. Tel est le constat de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pointé dans une étude publiée le mercredi 14 décembre, « Mal être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale au travail « .

Selon l’organisation, qui regroupe 34 pays parmi les économies les plus avancées, mais aussi quelques émergents comme le Chili, la Turquie ou le Mexique, « la précarisation croissante des emplois et l’augmentation actuelle des pressions au travail pourraient entraîner une aggravation des problèmes de santé mentale dans les années à venir ». Et l’OCDE n’hésite pas à qualifier la santé mentale de « nouveau défi prioritaire pour le marché du travail ».

Par « mauvaise santé mentale », l’OCDE entend les dépressions graves, les toxicomanies sévères (alcool, drogue), les troubles maniaco-dépressifs… tous ces maux étant établis par un diagnostic médical.

La mauvaise santé mentale des salariés, et celle des demandeurs d’emploi, encore plus vulnérables, intéresse l’OCDE, parce qu’elle coûte cher. « Selon une estimation prudente de l’Organisation internationale du travail, écrivent les auteurs du rapport, les coûts d’une mauvaise santé mentale pour les individus concernés, les employeurs et la société représentent 3 à 4 % du produit intérieur brut dans l’Union européenne. » Les taux de chômage élevés, la « forte incidence de l’absentéisme pour maladie et d’une moindre productivité du travail » expliquent les coûts de ce fléau grandissant.

Car la plupart des personnes souffrant de troubles mentaux travaillent. Leur taux d’emploi oscille, selon les pays, entre 60 % et 70 %, soit une quinzaine de points de moins que les personnes en bonne santé. « Ces salariés sont plus souvent malades, plus longtemps, et, surtout, quand ils sont au travail, ils ne font rien, ce qu’on appelle « présentéisme » », explique Miranda Veerle, économiste et responsable du rapport.

La crise économique et ses conséquences apparaissent comme l’une des explications majeures de la détérioration de la santé mentale des salariés. Ainsi, établit l’étude, « la perte de l’emploi aggrave la détresse psychologique plus que n’importe quel autre événement de la vie, comme un accident ou la perte d’un conjoint ».

Mais le chômage n’est pas seul en cause. « Les récessions peuvent en effet s’avérer très stressantes pour les salariés qui conservent leur emploi. » Le risque de perte d’emploi a augmenté pour tous les travailleurs. Cette « insécurité » est passée de 14 % en 2005 à 17 % en 2010, et de 21 % à 40 % chez les travailleurs temporaires, qui sont « plus nombreux à souffrir de troubles mentaux ».

L’évolution même des modèles économiques joue un rôle important. Ainsi, les demandes de pensions d’invalidité, autrefois liées aux accidents dans l’industrie, sont de plus en plus dues aux maladies mentales. En compilant des études menées dans quelques pays et des comparatifs internationaux comme l’enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (Share) ou encore l’Eurobaromètre, l’OCDE estime qu’une demande de pension d’invalidité sur trois, et dans certains pays une sur deux, est motivée par des problèmes mentaux, un chiffre en augmentation depuis le milieu des années 1990.

Pour Miranda Veerle, « l’évolution vers une économie de services complique la donne : le contact avec les gens fragilise les personnes plus faibles mentalement qui résistent moins bien à la pression ». Résultat, la tension au travail a fortement augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE. Au Royaume-Uni, elle concernait 40 % des salariés en 2010, contre 25 % en moyenne sur la période 1995-2005. En France, 30 % contre 20 % sur les mêmes périodes de référence, et en Espagne, 41 % contre 29 %. Les salariés les moins qualifiés sont les plus exposés. L’accroissement des troubles mentaux s’explique aussi en partie parce qu’ils sont plus nombreux à être détectés et divulgués,« grâce au recul progressif des préjugés et de la discrimination », tempère l’OCDE.

Mais celle-ci ne s’en tient pas au seul constat et met en avant quelques exemples vertueux, car la responsabilisation des entreprises dans le suivi des salariés atteints de troubles mentaux a une incidence réelle. « Aux Pays-Bas, indique Miranda Veerle, l’employeur reste responsable de ses salariés, même s’ils sont en arrêt, pendant deux ans, ce qui facilite la réinsertion et limite les conséquences désastreuses d’un licenciement sur la santé mentale. »

En Grande-Bretagne, la compagnie Bristish Telecom fait de l’état mental et du bien-être des salariés un élément de l’évaluation de ses managers. Mais ces initiatives sont encore trop rares.

Jeudi 15 décembre, le Parlement européen a adopté un rapport visant à renforcer la sécurité et la santé au travail. Karima Delli, rapporteure et députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, a insisté sur la nécessité pour tous les Etats membres de mettre en oeuvre l’accord-cadre de 2004 sur le stress au travail. « Le stress au travail est reconnu comme un obstacle majeur à la productivité », a-t-elle expliqué.

Rémi Barroux

émission de radio sur les hallucinations auditives et l’autogestion de la santé mentale

A l’occasion de la 22ème Semaine d’Information sur la Santé Mentale organisée par l’UNAFAM la chaine publique de radio France Culture consacre cette semaine une série de 5 émissions sur l’hôpital psychiatrique et la schizophrénie.

3e épisode :
émission de radio sur les hallucinations auditives et l’autogestion de la santé mentale.
L’émission est réécoutable en mp3 sur le site de France Culture (cliquez sur le carré rouge).

1er épisode :
émission de radio sur Félix Guattari auteur de « Capitalisme et schizophrénie »

2e épisode :
émission de radio sur les enfermés de la psychiatrie

émission de radio sur les enfermés de la psychiatrie

A l’occasion de la 22ème Semaine d’Information sur la Santé Mentale organisée par l’UNAFAM la chaine publique de radio France Culture consacre cette semaine une série de 5 émissions sur l’hôpital psychiatrique et la schizophrénie.

Le 2e épisode :
Les Enfermés : Lettres de Pelafina
L’émission est réécoutable en mp3 sur le site de France Culture (cliquez sur le carré rouge).

Les livres :
Mark Z. Danielewski, Les lettres de Pélafina

Mark Z. Danielewski, La maison des feuilles

Le 1er épisode :
Félix Guattari auteur de « Capitalisme et schizophrénie »

rapport du Sénat sur les délinquants dangereux atteints de troubles psychiatriques

Page de présentation du plan du rapport sur Les délinquants dangereux atteints de troubles psychiatriques : comment concilier la protection de la société et une meilleure prise en charge médicale ?

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